Concert de Luisa et Jesús (Cuco) Pérez le 04 avril 2019
Le groupe de musiciens espagnols de Ségovia (l’accordéoniste Jesús et sa sœur Luisa, chanteuse) ont donné un concert de chants des exilés républicains espagnols ce 04 avril 2019 pour des lycéens hispanisants du lycée de Pantin, qui avaient auparavant étudié les notions lieux et formes du pouvoir (la dictature franquiste) et espaces et échanges (exil et émigration des Républicains espagnols), mythes et héros (l’aide des Brigades internationales à la République espagnole), l’idée de Progrès (les valeurs de progrès de la Culture et de l’Éducation pour les Républicains espagnols dans la chanson Viva mi escuela [1]).
Nos lycéens ont donc révisé avec la conférence historique de Jesús Pérez, précise mais se mettant à leur portée de non spécialistes, l’histoire héroïque de cette Deuxième République espagnole que le peuple enthousiaste défendit pendant près de trois ans, convaincu qu’elle lui avait apporté ce dont il avait besoin et attendait depuis des siècles : Réforme agraire, réforme de l’Éducation, droits des femmes qui purent enfin voter en 1931 et bien d’autres progrès sociaux immenses. Luisa, a chanté ensuite des mélodies très célèbres dont les textes furent adaptés par les Républicains sur les plages d’Argelès et d’autres nombreux « camps de concentration » (d’internement) où 500 000 réfugiés espagnols, fuyant la répression qui s’abattait sur l’Espagne, se retrouvèrent tragiquement en février –mars 1939, comme nous l’avons étudié en classe de Terminale.
Parlant à la fois de la trajectoire de leur famille et de celle de ces milliers de réfugiés, qui eurent le même sort, Cuco et Luisa, avec ces chansons pathétiques mais pleines d’humour, pour la plupart, nous ont émerveillés et rendu amène l’étude de cette époque bien lointaine pour les élèves.
Ils ont chanté la fameuse Cucaracha qui ne cherche pas la marijuana mais espère trouver « paix, travail et liberté » en terre d’asile française, la magnifique et héroïque Bourg Madame, sur la musique de Konamierskaia (chant de la cavalerie soviétique), la belle et joyeuse A México vida mía, qui célèbre la solidarité du président mexicain Lazaro Cárdenas, qui accueillit tant de réfugiés.
Les premières ont bien aimé la drôle « El papapabapá » et Viva mi escuela. Luisa et Cuco leur ont joué et chanté magnifiquement la célèbre Ay Carmela (el paso del Ebro), car ils avaient vu le poignant et évocateur film de Carlos Saura sur la pièce de S. Sinisterra Ay Carmela.
Ce fut une magnifique mais courte journée musicale et historique, et nous avons eu le plaisir de revoir des d’amis professeurs très intéressés et un ami Républicain espagnol de Paris qui nous a aussi accompagnés au monument des Brigades Internationales avec un professeur d’histoire. Il a notamment raconté ce qui arriva en juillet 1936 dans son village de la province de León, où les soulevés (rebelles) assassinèrent des Républicains.
La tragédie des Républicains espagnols, ont dit Cuco et Luisa, a été longtemps tue en Espagne et les professeurs espagnols d’histoire eux-mêmes ignorent parfois le sens du mot « Retirada » (retraite, exil de 1939) car ce mot, comme bien d’autres, a été tabou. Les manuels d’histoire ne traitent cette partie de l’histoire de l’Espagne que tout à la fin, s’il reste du temps à la fin de l’année. Or voilà maintenant 80 ans que « la guerre inégale » fit un million de morts et 500 000 réfugiés », précisa Cuco.
Nos élèves français en savent donc plus que beaucoup d’élèves espagnols.
Nous avons beaucoup applaudi Cuco et Luisa, que les élèves voyageant bientôt en Espagne pourront revoir à Ségovie. Merci à Cuco et Luisa.
¡ Gracias, Cuco y Luisa!
¡ Gracias amigos! Merci aux amis des Républicains espagnols de la Région parisienne.
Merci à Mme la Proviseure, à Mme Barbier, à M. David.
Mme CANDEAL, professeure d’espagnol.
Mme SERRANO, professeure d’espagnol.Pantin, 4 avril 2019
[1] Chanson écrite et chantée en l’honneur de François Mauriac lors de l’inauguration de l’école qu’il fit construire pour des enfants de réfugiés espagnols).



